Pour profiter pleinement du film, il est vivement conseillé de télécharger le fichier pour le regarder sur grand écran avec un son de bonne qualité.
Réalisation : Yann Kerdoncuff
Année : 2015
Durée : 10 s
Le film ci-dessous a été réalisé dans le cadre du Plus Petit Festival du Monde en 2015. L’idée de ce concours est de proposer de très courts-métrages de sujet libre, ne dépassant pas 10s. Mon film « Ne franchissez pas la ligne blanche » a été sélectionné initialement par les organisateurs. Cependant, au dernier moment (c’est-à-dire à 20h la veille du jour de la projection), celui-ci a été refusé à cause de son propos. Voici le mail reçu :
Bonjour,
Je vous annonce que malgré votre pré-selection par le Staff PPFM, nous sommes dans l’obligation de ne pas diffuser votre film lors du festival en raison des propos tenus. L’humour n’est malheureusement pas toujours compris par tout le monde, et nous nous excusons de pas pouvoir diffuser votre film.
Merci de chaque année continuer à proposer un court métrage des Sales Films Productions pour notre festival.
Bien cordialement,
Le Staff PPFM
Etant indigné suite à ce revirement de situation, j’ai décidé de publier en urgence le film sur Facebook le matin avant la soirée de projection, en expliquant au public la situation, et en le laissant seul juge de l’infamie visuelle.
A ma grande surprise, la réaction ne s’est pas fait attendre et un tout un vent de soutien a supporté le film au-delà de mes espérances, en le défendant et en montant au front face à ce qui était tout simplement de la censure. Une censure faite par une association d’étudiants dépassant à peine la vingtaine d’année, ceux-là même qui sont censés représenter notre futur et défendre des valeurs telles que la création artistique et la liberté d’expression…
Quelques plus beaux exemples de soutien :
Lettre ouverte au Plus Petit Festival Du Monde, par Carlos Asa :
Cette année encore vous avez censuré le court-métrage de Mr Kerdoncuff sous prétexte d’un « humour qui n’est malheureusement pas toujours compris par tout le monde ». Et vous ne faites rien pour que cet humour soit compris en ne le montrant pas ! Quelle hypocrisie…
Mais qui êtes-vous pour vous permettre de juger l’humour de la sorte ? Je comprends l’humour « bête et méchant » de Mr Kerdoncuff, il n’y a là rien de « trash » ou de réellement choquant. Cet humour c’est une épice qui se fait rare dans le plat de l’Art, un humour qui peut ou non troubler les bonnes mœurs, vous n’en savez rien et vous ne prenez pas le risque de savoir, vous préférez préserver votre image en jouant la sû et la carte de la censure.
Des gens se sont battus et sont mort pour cette notion qu’est la décontraction et la liberté d’expression, vous, qui vous permettez un tel jugement aussi égoïste et régressif, qui êtes-vous vis-à-vis de ces gens-là ?
Quand on organise une manifestation comme la vôtre, on le fait par passion, convictions et il faut être doté d’un minimum d’ouverture d’esprit ! Il faut s’attendre à avoir de tout, car en face de vous il y a des gens comme nous, qui eux sont passionnés, prennent de leur temps et mobilisent des personnes pour assouvir leur soif de création, et nous le faisons avec un plaisir que vous n’avez pas l’air de connaitre étant donné votre jugement castrateur.
Vous êtes jeunes, vous représentez l’avenir de demain, et malgré tout vous vous comportez comme de stériles retraités qui ont peur d’être dérangés dans leur programme télé.
A moins que ce festival ne soit un festival catholique, je ne vois aucune raison valable pour ne pas diffuser « Ne franchissez pas la ligne blanche » de Mr Kerdoncuff.
Mesdames, messieurs, les censeurs, je vous adresse mes plus irrespectueuses salutations…
Carlos Asa (a.k.a. SKIFFELS’’)
Dans le climat actuel de violence qui flotte autour de la liberté d’expression (Charlie, souviens-toi…), et quand le monde est prêt à déclencher une guerre nucléaire pour un film avec Seth Rogen et Jess Franco (cf. The Interview et Kim Jong-Un, qui a provoqué des tensions diplomatiques conséquentes entre la Corée du Nord et les USA), ce processus de sélection de « bon goût » est choquant car empirique. Et je ne parle pas de mon petit cas personnel où l’on a refusé de projeter mon film, mais d’un sentiment général où l’on bride la subversion au nom de la tranquillité d’esprit et du consensuel. Il faut plaire aux masses, ne pas déranger le public et le brosser dans le sens du poil, au déni de la prise de risque et de l’aventure. La liberté de ton est devenue une denrée rare, et pire, elle est mal vue et jugée négativement par la masse. La culture est une arme contre l’ignorance et la bêtise, contre toute forme de soumission de l’individu par une masse ou par une idéologie. Quand les jeunes ne sont plus capables de foutre le bordel, c’est aux vieux de s’y mettre.